i burst out of my mind (cloatt)

« Qu’est-ce que tu fous là, Farrell ? » Avec une telle question on pourrait s’attendre à ce qu’Andrew me pousse violemment vers la sortie mais pas du tout. Il vient passer un bras autour de mes épaules et me tapote le dos dans une étreinte chaleureuse. J’ai l’impression que ça fait des mois que je ne l’ai pas vu, depuis que j’ai accepté la proposition du gouverneur pour l’unité. Je n’avais plus réellement le temps pour mes anciens collègues même si nos bureaux se trouvaient dans le même bâtiment. Le revers de gloire j’imagine. Maintenant que je redescends d’un étage – presque littéralement – il y a certaines têtes que je vais voir plus régulièrement. « Je voulais m’assurer que ta belle gueule ne prenait pas trop cher. » Je le taquine en me dégageant et en tapotant sa joue ce qui a pour effet de le faire grogner. Je sais qu’il se demande surtout ce que je fais ici aussi tard alors que je devrais être chez moi auprès de ma petite amie et de nos enfants. Insomnie. Trop de pensées qui se bousculent dans mon esprit et j’ai eu besoin de me vider un peu la tête. J’ai marché un moment sans but précis, simplement guidé par mes jambes et l’instinct j’imagine. Un instinct qui me dirige toujours vers cet endroit. Jamais je ne pourrais douter qu’être flic est fait pour moi. J’ai ce besoin de savoir que justice est faite, que des hommes et des femmes travaillent d’arrache-pied pour qu’un semblant de droiture existe dans un monde pas franchement tout rose. « Viens qu’on t’offre un bon café dégueu de chez nous. » Je me marre et le suis jusqu’à la petite salle de repos où d’autres anciens collègues nous rejoignent. Avec le calme ce soir, on finit par faire quelques parties de cartes en discutant de nos vies respectives. J’apprends qu’Andrew est devenu père et que cet enfoiré n’a pas jugé utile de me prévenir et les conversations continues. « Tiens, Farrell tu tombes bien ! » Je lève les yeux vers une jeune femme, long cheveux bruns relâchés sur ses épaules qui semble visiblement éreinté par son service. « On a ramassé une fille qui s’avère être ta sœur, elle est en cellule. J’allais t’appeler mais vu que t’es là … » Je me suis levé d’un bond. Ma sœur … Laquelle des trois ? Et pourquoi ? Est-ce qu’elle va bien ? Qu’est-ce qu’elle a fait comme connerie ? Sans même m’en rendre compte je pose toutes ces questions et je suis la jeune femme jusqu’aux cellules. Cloe. Mais putain qu’est-ce qu’elle fait dehors aussi tard ? Et quand je vais arrêter de croire qu’elle a encore 4 ans hein ? « C'est pas moi, jte jure qu'il allait l'agresser sexuellement, j'ai assisté une personne en danger. » La cellule ouverte, je remercie la jeune femme qui décide de nous laisser tous les deux. « Je suis au courant … » Je lâche d’un coup en secouant la tête. « Mais ce qui m’intéresse le plus c’est de savoir pour quelle raison ma sœur se retrouve avec quasiment plus de trois grammes d’alcool dans le sang et qu’elle a pensé normal de courir vers un gars qui aurait pu lui faire du mal ? » Elle est totalement folle ? Alors certes je suis fier qu’elle soit venue en aide à une femme qui allait se faire violer mais de là à jouer sa vie ? Le frère en moi n’est pas d’accord !

Je crois que c’est bien la première fois qu’on m’avertit que l’une de mes sœurs est en cellule. Pas qu’elles soient des anges, ce n’est pas dans le caractère des membres de la famille Farrell d’être tout mignon, mais tout de même. Des conneries, on en a tous fait, moi le premier. Mal placé pour les juger, ça ne veut pas dire que je dois sauter au plafond, heureux comme tout, parce que l’une de mes cadettes est parvenue à finir derrière les barreaux. Non, ce que j’éprouve cette nuit c’est plus de l’agacement et beaucoup – vraiment beaucoup – d’inquiétude en écoutant le récit de la soirée de Cloe. Du moins, une partie de sa soirée si je comprends bien. Debout dans la cellule, je n’ai pas besoin qu’elle ouvre la bouche pour savoir qu’elle a encore trop d’alcool dans le sang. Ses pupilles dilatées et brillantes suffisent pour me donner approximativement l’état dans lequel elle se trouve. « Bon ... trois grammes d'alcool c'était pour fêter la fin de ma résidence. Yay, super Cloe, j'espère que tu seras acceptée en internat. » Mes sourcils se froncent, mon regard devient plus sombre qu’il ne l’est déjà. Je devrais savoir que l’alcool la pousse à ne pas prendre au sérieux sa situation mais je n’y arrive pas. Je suis trop inquiet, trop remonté aussi, pour être amusé. « T’aurais pu y aller mollo sur les cocktails. » Dis-je d’une voix teintée de reproches. C’est tout de même l’hôpital qui se fout de la charité. Combien de fois j’ai picolé comme un trou au point de ne plus trop savoir comment rentrer chez moi ? Faites ce que je dis, pas ce que je fais, n’est-ce pas ? Il s’agit de ma petite sœur et étant très protecteur – d’accord, trop protecteur – je ne peux pas m’empêcher d’être parfois étouffant. Je fais des efforts pourtant mais qu’elle se retrouve en cellule ça a tendance à les faire voler en éclats. « Et ... pour la partie courir vers un gars dangereux ... je me suis sentie pousser des ailes, je sais que c'était pas très safe, mais j'étais désinhibée et j'ai agi ... de façon impulsive, je suis désolée. » Oh désolée, elle peut l’être ! Elle aurait pu finir à l’hôpital agressée par cet enfoiré, peut-être même pire encore ! « D'ailleurs, est-ce que tu sais où est l'autre co***rd ? J'aimerai bien savoir si ils l'ont mis en cellule ou si il est en train de se faire chouchouter parce qu'il a un peu de sang sur l'arcade ? » Poussant un soupir, je passe une main sur mon visage. Si je suis ici à cause d’une fichue insomnie, autant dire que maintenant je sens la fatigue me gagner. « Il est aux urgences pour quelques points avant de finir ici. C’est pas drôle, Cloe … Ça aurait pu très mal se finir, est-ce que t’en as au moins conscience ? » Ou est-ce que tout l’alcool qu’elle a ingurgité lui voile totalement son jugement ? « Il se passe quoi maintenant ? Tu vas le dire aux parents et me mettre en prison ? » Je souffle un coup, entre dans la cellule et vais m’asseoir sur le banc dans le fond. La logique voudrait que, oui, je prévienne nos parents, qu’ils aient vent de cette histoire d’autant que je hais leur mentir mais qu’est-ce que à lui apportera à elle ? Hormis un bon sermon de la part de notre père ? « Je leur dirais rien … Si tu veux être franche avec eux, tu le feras, c’est toi qui décides. Aucune charge ne va être retenue contre toi, je doute que l’autre con ose porter plainte et t’as fini ici parce que t’étais complètement ivre sur la voie publique. » En d’autres termes, elle a été embarquée pour sa propre sécurité. « Je peux te ramener chez toi mais tu peux être sûre que je vais dormir sur le canapé, il est pas question que je te laisse toute seule avant que t’ai complètement décuvé. »