(owen) should i stay or should i go

La journée n’avait absolument pas commencé comme il le voulait. Il faut dire qu’à chaque fois qu’il voit Paige, il veut que tout soit parfait. Il a raté tellement de choses avec elle, qu’il ne veut aucun problème qui pourrait pousser sa fille ou même Victoria à faire cesser ces rencontres. Pourtant, il était arrivé un peu en retard, parce qu’il avait dû prendre le métro, ce qu’il n’a pas l’habitude de faire. Mais en voiture, il aurait sans doute pris plus de temps, même après avoir raté le premier métro à une poignée de secondes près. Bien sûr, il lui avait fallu attendre une dizaine de minutes pour le suivant et donc il était arrivé avec quelques minutes de retard chez Victoria, avec une certaine culpabilité. Ce que le sourire et le câlin de Paige avait rapidement effacé. Il avait souri lui aussi et ils étaient partis tous les deux pour une belle journée. Il avait laissé le choix à la petite fille et elle avait voulu aller au parc près de son école, dans l’espoir sans doute d’y trouver une copine. Pas trop compliqué pour Owen, qui apprend encore à connaître la petite fille et à appréhender son rôle de père. Ils avaient commencé par se promener un peu sur le parcours sportif, où Paige avait essayé plusieurs jeux, avant d’arriver sur une aire de jeux. Là, Owen avait pu s’assoir et se contenter de regarder la petite blonde jouer dans tous les sens, se trouver rapidement des amis alors qu’elle venait d’arriver. Elle est heureuse, et il se dit qu’il a eu de la chance dans son malheur. Elle est en bonne santé, Victoria s’est très bien occupée d’elle, et maintenant qu’il est sorti de prison, il peut constater tout cela de lui-même. Il sourit quand la petite revient vers lui, réclamant une crêpe au chocolat parce que c’est ce que son copain vient d’avoir. La laissant sous la surveillance d’un autre parent pour un instant, il se dirige vers un petit cabanon et fait la queue. Il soupire un peu parce que la personne devant lui semble avoir du cirage dans le ciboulot, sans cesse à demander des détails improbables. Heureusement, elle finit par abandonner et repartir sans rien, et c’est le tour d’Owen. Cette fois, c’est le vendeur qui n’est pas très aimable avec lui, mais il ne dit rien. Peut-être en a-t-il marre de tout ça, ou peut-être a-t-il le Boeing en bout de piste. Owen n’en sait rien, mais il lui laisse un pourboire avant de repartir vers l’aire de jeux. Il s’étonne de ne pas voir Paige dans la structure en bois, mais retrouve rapidement sa chevelure blonde à quelques mètres de là, au sol, avec une femme penchée vers elle. Il s’approche rapidement et arrivé à leur hauteur, il fronce les sourcils un peu plus. Il reconnaît Daisy, une infirmière qui travaille avec lui à l’hôpital. Elle ne semble pas très à l’aise mais rapidement, l’attention d’Owen se tourne vers Paige, qui pleure au sol, visiblement blessée. Il s’accroupit et relève rapidement son pantalon pour voir son genou un peu écorché. Rien de bien grave mais il se sent tout de même coupable. Ce n’était vraiment pas ce qu’il avait prévu pour cette journée.

Owen veut toujours que tout soit parfait, c’est plus fort que lui. Malgré les sourires que lui fait presque constamment Paige, signifiant qu’elle est toujours heureuse de passer du temps avec lui, il se dit toujours qu’il pourrait mieux faire. Il a l’impression de toujours devoir rattraper le temps perdu et de ne jamais en faire assez. Sauf qu’elle ne remarque même pas les détails qu’il considère comme des échecs. Il devrait se détendre et profiter davantage de l’instant présent. C’est ce que sa sœur lui répète régulièrement. Mais il semble en être incapable. Peut-être que ça viendra, avec le temps. En attendant, le voilà qui regrette d’être parti acheter une crêpe au chocolat pour sa fille. Pendant ce court laps de temps, elle est malheureusement tombée. Inquiet pour elle, il l’aide à remonter son pantalon, en oubliant même de parler à Daisy, qui s’est visiblement arrêtée pour aider la petite fille, sans même la connaître. Il ne le réalise que quand elle reprend la parole. Rien de grave, elle a raison. Il relève la tête vers elle, alors que les pleurs de Paige se calment un peu. « Oh… je… Merci de l’avoir aidée. » C’est la moindre des choses de la remercier, même si d’ordinaire, elle n’est pas très aimable avec lui. Et puis, avant qu’elle ne reparte, une pensée lui traverse l’esprit. « Avant de partir... tu n’aurais pas un pansement ? » Encore une fois, il n’a pas tout anticipé et il n’a rien pour soigner Paige. En même temps, il aurait préféré qu’elle ne se blesse pas. « Papa n’est pas très équipé, il n’a même pas de pansement. » Il secoue la tête en regardant sa fille. Il a sans cesse l’impression de la décevoir, même si elle ne s’en rend pas forcément compte.